BNP Paribas – La banque privée survole la gestion d’actifs

La banque privée survole chez BNP Paribas.
« Bah ils sont où mes copains de l’asset ? Je les vois plus… »

Infographies – La banque privée de BNP Paribas a bien plus collecté que la gestion d’actifs au troisième trimestre. Son bénéfice avant impôt a aussi plus fortement rebondi.

Malgré les vents contraires, BNP Paribas tient bon. Les revenus du bancassureur ont crû de 8% au troisième trimestre sur un an, pour atteindre 12,3 milliards d’euros. Le bénéfice net part du groupe a aussi pris de la hauteur, progressant de 10,3%, à près de 2,76 milliards.

Certes, ces deux indicateurs marquent un léger retrait par rapport à leur niveau des trois mois précédents. Ils atteignaient alors respectivement 12,8 milliards et 3,2 milliards d’euros. Mais ils permettent au groupe de maintenir un rythme de croissance supérieur à celui visé par les dirigeants d’ici 2025. Soit notamment une hausse moyenne de 7% du bénéfice net par action par an sur la période.

La dégradation du contexte macroéconomique et géopolitique n’empêche par ailleurs pas BNP Paribas de maintenir son coût du risque à des niveaux relativement bas. Car si celui-ci a augmenté de 34% sur un an, à 947 millions d’euros, cette hausse résulte principalement d’un impact exceptionnel lié à un moratoire du gouvernement sur les crédits en Pologne.

En dehors de cet effet, le coût du risque demeure à 31 points de base, comme douze mois plus tôt. Le taux de créances douteuses du groupe dirigé par Jean-Laurent Bonnafé est de surcroît tombé de 2% à 1,7% des encours bruts. Et l’établissement a passé quelque 710 millions d’euros de nouvelles provisions entre début janvier et fin septembre. Juste au cas où…

IPS vs. CPBS vs. CIB

Les trois pôles du géant français ont connu une activité dynamique au troisième trimestre. Celui dont le produit net bancaire (PNB) a le plus crû est Commercial, Personal Banking & Services (CPBS), avec un gain de 9,6% (en glissement annuel). De quoi porter ses revenus à 7,1 milliards d’euros. Suit le pôle Investment & Protection Services (IPS) – qui regroupe l’assurance, l’asset management et le wealth management –, dont le PNB a grimpé de 8,9%, à 1,63 milliard d’euros.

Enfin, l’activité Corporate & Institutional Banking (CIB) se contente d’une progression de 5,9%, à 3,8 milliards d’euros. Le classement change légèrement en neutralisant les effets de change et de périmètre. La plus forte croissance des revenus revient alors au pôle IPS (+7,1%), alors que celle de CPBS est ramenée à 6,9% celle de CIB à 2%.

Contrairement à trois mois plus tôt, les revenus de l’asset management ont progressé plus vite que ceux des deux autres activités du pôle IPS. Se hissant à 565 millions d’euros, ils ont crû de 10,8% sur un an. À titre de comparaison, ceux de l’assurance et du wealth management ont respectivement progressé de 7,2% et de 9,1%, à 658 millions et 409 millions d’euros.

Le bénéfice avant impôt du pôle IPS est pour sa part remonté de 627 millions à 729 millions d’euros entre les deuxième et troisième trimestres 2022 (+16,3%). Entre juillet et septembre 2021, il était tombé à 468 millions (et a donc rebondi de 55,8% depuis). Les profits de l’assurance ont quant à eux bondi de 28,4% sur un an et chuté de 34,7% sur trois mois. La gestion privée (wealth management) s’impose toutefois comme le champion sur cet indicateur-là. Celui-ci marquant une progression de 55,8% sur un an et de 37,1% sur trois mois. Le bénéfice avant impôt de cette activité atterrit ainsi à 409 millions d’euros.

Les liquidités affluent…

Après un épisode de sécheresse au premier trimestre suivi d’une mousson au deuxième, l’argent frais a continué d’irriguer BNP Paribas entre juillet et fin juin. Le pôle IPS a ainsi réalisé une collecte nette de 5,4 milliards d’euros sur le trimestre. Sur les neuf premiers mois de l’année, celle-ci atteint 14,4 milliards d’euros.

Comme sur le volet des bénéfices, le wealth management a été la figure de proue de cette performance. La gestion privée du pôle IPS a en effet récolté 4,2 milliards d’euros sur le trimestre écoulé. La gestion d’actifs a du se satisfaire de 800 millions, l’immobilier (Real Estate) de 600 millions, alors que Principal Investments a vu ses flux entrants et sortants s’équilibrer. De son côté, l’assurance a subi une décollecte nette de 200 millions d’euros.

Ces différentes dynamiques résultent notamment de nombreux retraits sur les fonds monétaires, partiellement compensés par un regain d’intérêt pour les solutions à moyen et long termes. Surtout, le wealth management a bénéficié d’une cession de portefeuille en Espagne. Le pôle a plus globalement profité de l’acquisition du spécialiste de la dette privée Dynamic Credit Group au Pays-Bas et d’un nouveau partenariat en gestion d’actifs en Inde.

… mais la marée baisse encore

Malgré cet afflux d’argent frais, les actifs sous gestion de BNP Paribas ont continué de refluer, comme chez Amundi ou Goldman Sachs. Les 14,4 milliards d’euros collectés en neuf mois et un effet de change positif de 29,6 milliards – merci la hausse du dollar ! – n’ont pas suffi à compenser les 148,4 milliards d’euros que la chute des marchés a fait s’évaporer.

Les actifs sous gestion s’établissaient ainsi à 1 175 milliards d’euros à fin septembre. Ils retrouvent donc leur niveau de mars 2021 (à 1 milliard près). En glissement annuel, ils accusent un repli de 3,7%. En termes de répartition, l’asset management (incluant Real Estate Investment Management et Principal Investments) pèse désormais 519 millions d’euros, le wealth management 408 milliards et l’assurance 248 milliards.

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Après des études en science politique entre Lausanne, Vancouver et Paris, Guillaume décroche son premier job de journaliste à la radio suisse LFM. Concomitamment, la crise des subprimes éclate et donne à ce fils de facteur l’envie de mieux comprendre le monde de l’économie et de la finance. Il rejoint en 2009 le magazine suisse d’asset management Banco, puis Option Finance, Le Revenu et News Asset Pro. Bien que Haut-savoyard, Guillaume ne sait pas skier.