Collecte – Cyrus a engrangé 1,4 milliard d’euros en 2023

Pour la dernière fois avant de s’unir à Maison Herez, Cyrus tire le bilan son année 2023.
« Oula… elle est plus lourde que la dernière fois cette récolte. »

Infographies – Pour la dernière fois avant de s’unir à Maison Herez, Cyrus tire le bilan son année 2023. Le spécialiste de la gestion de patrimoine dirigé par Meyer Azogui a collecté 1,4 milliard d’euros bruts et a fait croitre ses encours d’environ 20%, à 11,6 milliards d’euros. Notamment grâce à la forte dynamique de sa société de gestion Octo AM, dont les encours ont plus que doublé.

Après des sociétés de gestion comme Rothschild & Co AM, Sienna IM, DNCA ou encore Ossiam, c’est au tour des spécialistes de la gestion de patrimoine de tirer le bilan de l’année 2023. À ce titre, les dirigeants de Cyrus se sont prêtés à l’exercice avec le sourire ce mardi 23 janvier. « Nos encours conseillés ont progressé d’environ 20% pour atteindre 11,6 milliards d’euros, à la fois grâce à la croissance externe et à la collecte », a indiqué Meyer Azogui, président de Cyrus, lors d’une conférence de presse.

De fait, le groupe a fait le plein de liquidités auprès de ses clients l’an dernier. « Notre collecte brute a atteint 1,4 milliard d’euros, dont près de 1 milliard en gestion privée et un peu plus de 400 millions en distribution externe », précise Meyer Azogui. Plus précisément, la collecte brute de Cyrus en gestion privée a atteint 975 millions d’euros, enregistrant une hausse de 12,7% par rapport aux 865 millions recueillis en 2022. Les encours de cette activité (qui intègrent la gestion privée d’Amplegest) sont passés de 6,3 milliards à 7,6 milliards d’euros en douze mois.

Qui a collecté quoi ?

La majorité des plus de 400 millions glanés « en distribution externe » a pour sa part été apportée par la sociétés de gestion Octo AM. Notamment grâce aux succès de ses fonds à échéance, le spécialiste obligataire du groupe a enregistré une collecte nette de 450 millions d’euros… contre moins de 90 millions en 2022. Ses encours sont ainsi passés de 350 millions et 850 millions d’euros, « ayant également bénéficié d’un effet de marché positif de 50 millions d’euros », précise Christophe Mianné, directeur général de Cyrus.

Malgré un contexte chahuté pour sa classe d’actifs, le spécialiste de l’investissement immobilier Eternam a réussi à faire un peu mieux qu’un an plus tôt en matière de collecte. Il a ainsi capté 288 millions d’euros de flux entrants nets, contre 278 millions en 2022. Ses encours ont quant à eux atteint 1,2 milliard d’euros en fin d’année, contre 800 millions douze moins auparavant.

Seul Amplegest n’est pas parvenu à faire progresser sa collecte et ses encours l’an dernier. L’exercice tout juste clôturé se caractérise en effet par la stabilité pour l’asset manager. Comme en 2022, ses fonds ont en effet subi une décollecte nette de 30 millions d’euros. De même, ses actifs sous gestion (en excluant ses 2 milliards en gestion privée) ont stagné aux alentours de 1 milliard d’euros.

Grosse récolte de compte-titres

Du fait de ces différentes dynamiques, la répartition de la collecte de Cyrus par classes d’actifs a quelque peu évolué. « L’immobilier a représenté 25% de la collecte – les clubs deals ayant compensé le repli de 20% des flux sur les SCPI – et le private equity 10%, poursuit Meyer Azogui. Les compte-titres ont fortement augmenté leur contribution, à environ 30% de la collecte, alors que les volumes en assurance vie ont stagné vers 35%. » Et ce, alors que cette famille de produits d’épargne représentait « 80% de la collecte de Cyrus il y a 10 ans », se souvient le président.

Fourpoints IM entre dans la danse

L’année 2024 s’annonce particulièrement structurante pour Cyrus. Son union avec Maison Herez – officialisée en décembre dernier – doit donner naissance à rien de moins que le numéro 1 du secteur de la gestion de patrimoine. « Nous afficherons alors un encours de 17 milliards d’euros, un chiffre d’affaires combiné de 160 millions et compterons un peu plus de 500 collaborateurs », souligne Meyer Azogui.

Dans ce cadre, le nouvel ensemble – dont les dirigeants et salariés détiendront 73% du capital, Bridgepoint 20% et Allinvest 7% – va notamment faire évoluer son pôle de gestion d’actifs. « Nous prévoyons de fusionner Amplegest avec Fourpoints IM [asset manager de Maison Herez] d’ici la fin du premier semestre, sous réserve d’obtention des autorisations réglementaires nécessaires, alors que Octo AM et Eternam continueront d’exister sous leur forme actuelle », indique Christophe Mianné.

De quoi faire grossir significativement les encours d’Amplegest. « Fourpoints IM dispose de 525 millions d’euros sous gestion, dont 200 à 230 millions dans des OPCVM et le solde en gestion sous mandat pour le compte de clients de Maison Herez, précise Christophe Mianné. Les investisseurs externes représentent 40 à 50 millions d’euros d’encours. »

Poussée de croissance

Pour continuer d’attirer les investisseurs en 2024, les équipes du groupe sont prêtes à prendre de nouveaux paris pour trouver du rendement. Du côté d’Amplegest, il s’agira par exemple de dénicher des opportunités sur les marchés actions. « Nous privilégierions des valeurs de croissance car la baisse des taux que nous anticipons au second semestre devrait permettre à ces titres massacrés en 2022 de connaître un rattrapage en matière de valorisation, indique Emmanuel Auboyneau, gérant associé chez Amplegest. Nous voyons par exemple des titres avec un beau potentiel dans des secteurs tels que le luxe, la technologie ou encore les spiritueux. » Les valeurs cycliques (financières, industrielles…) ont en revanche moins les faveurs du gérant.

À l’instar de Dorval AM, l’asset manager se montre particulièrement enthousiaste sur le segment des small et midcaps. « Sur longue période, ces valeurs affichent de meilleures performances que les large caps, sauf durant les trois dernières années, avance Emmanuel Auboyneau. Compte tenu de leur forte sensibilité à l’évolution des taux, nous voyons un fort potentiel de hausse pour ces titres. »

Bien obligés

Ayant retrouvé une superbe plus observée depuis plus d’une décennie l’an dernier, l’obligataire continue pour sa part de briller aux yeux d’Octo AM. « Son directeur général délégué Matthieu Bailly pense que 2024 restera une bonne année, même si elle sera plus volatile, poursuit Emmanuel Auboyneau. Il a toutefois récemment écourté un peu la duration de ses fonds ouverts, sans exclure de la rallonger ultérieurement, et a également réduit son exposition au High Yield au profit de l’Investment Grade. » La société de gestion a par ailleurs exclu « provisoirement » la dette immobilière de ses portefeuilles. Mais elle reste « très positive » sur les placements bancaires.

Eternam aborde pour sa part l’année 2024 avec impatience. « 2023 est une année à oublier, assène Jonathan Donio, directeur général délégué de la société de gestion. La baisse des volumes de transactions s’est révélée considérable sur des segments comme l’immobilier tertiaire (bureaux, commerce, logistique…). Sur celui-ci, le volume est en effet tombé à 12,5 milliards d’euros en France en 2023, contre 28 milliards en 2022… et 42 milliards en 2019. »

La fin de l’attentisme ?

Pour l’asset manager, un nouveau cycle va s’enclencher en 2024, grâce à la baisse attendue des taux mais aussi à la fin de « l’attentisme » de nombreux acteurs. « Certains fonds vont par exemple être contraints de vendre des actifs pour faire face aux demandes de retraits de leurs investisseurs ou pour des problématiques de dettes arrivant à maturité », explique Jonathan Donio. Parmi les actifs dans le viseur d’Eternam, figurent notamment l’immobilier de bureau parisien et « dans les grandes villes » et des classes « alternatives » comme l’immobilier de santé, l’hôtellerie, les crèches ou encore les campings.

Last but not least, le groupe Cyrus continuera de s’intéresser aux produits structurés et au private equity. « Certes, les performances de cette dernière classe d’actif ne seront pas les mêmes durant les 10 prochaines années que celles des 10 précédentes, compte tenu des taux qui resteront plus élevés, reconnaît Christophe Mianné. Mais ce marché restera attractif, en particulier sur les segments des entreprises sous LBO rentables et de la dette privée. »

Que pensez-vous du sujet ?
Après des études en science politique entre Lausanne, Vancouver et Paris, Guillaume décroche son premier job de journaliste à la radio suisse LFM. Concomitamment, la crise des subprimes éclate et donne à ce fils de facteur l’envie de mieux comprendre le monde de l’économie et de la finance. Il rejoint en 2009 le magazine suisse d’asset management Banco, puis Option Finance, Le Revenu et News Asset Pro. Bien que Haut-savoyard, Guillaume ne sait pas skier.