Myanmar – Amundi et Axa accusés de financer indirectement la junte

Amundi et Axa sont accusés de financer indirectement la junte birmane.
La junte militaire a repris le pouvoir en 2021 au Myanmar à la suite d’un coup d’État.

Amundi et Axa sont accusés de proposer des investissements dans des sociétés indiennes et chinoises qui ont récemment vendu du matériel de défense à la junte birmane, selon une enquête du journal Le Monde.

Le numéro un européen de la gestion d’actifs Amundi et l’assureur Axa sont accusés de proposer des placements dans des sociétés indiennes et chinoises qui ont vendu au cours des derniers mois des « camions, avions de combat ou postes de tir télécommandés » à la junte birmane, selon une enquête du journal Le Monde.

D’après une enquête menée par les ONG Justice for Myanmar et Info Birmanie d’une part, et d’autre part des informations obtenues par Le Monde à partir des données du groupe de recherche néerlandais Profundo, la filiale de Crédit Agricole et Axa « offrent à leurs clients des investissements dans des entreprises indiennes et chinoises qui ont vendu au cours des derniers mois des armes et des équipements militaires à la junte birmane », écrit le quotidien français.

Exposition « passive » chez Amundi ?

Pour rappel, l’UE a instauré un embargo sur les armes et équipements pouvant être utilisés à des fins de répression interne. Selon Le Monde qui cite « les dernières données disponibles, datant d’avril et de mai », Amundi « proposait à ses clients des titres de l’entreprise chinoise AviChina, qui a vendu des avions de combat légers à la junte, et de l’indien Bharat Electronics Limited, qui a fourni à l’armée birmane des postes de tir télécommandés. »

L’asset manager dont les encours s’élevaient à 1 934 milliards d’euros à fin mars offrait par ailleurs « des placements dans le capital de Sinotruk, un constructeur de poids lourds installé à Hong Kong qui a vendu à la Birmanie des camions servant à transporter les soldats pour réprimer des manifestations », toujours selon Le Monde.

« À ce jour, les fonds ouverts gérés par Amundi ne détiennent pas de titre des sociétés AviChina Industry & Technology, Bharat Electronics Limited et Sinotruk », s’est défendue Amundi auprès de l’AFP. Sans démentir les propos de Profundo selon lesquels les titres de ces entreprises y sont présents par l’intermédiaire des fonds dits « indiciels » qui répliquent des indices et relèvent de la « gestion passive ».

Soit via des produits majoritairement issus de l’acquisition de Lyxor AM par l’asset manager dirigé par Valérie Baudson. Les investissements de Crédit Agricole aux bénéfices de la junte, dans des secteurs très variés, s’élèvent à 4 milliards de dollars, selon les ONG.

Deux fonds chez Axa

L’article du Monde évoque également l’assureur Axa, avec un niveau d’exposition moindre, via des tiers, et concernant l’entreprise Sinotruk. Le groupe a assuré à l’AFP n’avoir « pas d’exposition au fabricant de camions Sinotruk au travers de son actif général ».

Le groupe d’assurances fait état d’« un fonds géré par Axa IM pour clients tiers dont l’exposition à cette entreprise représente actuellement environ 71 000 euros » et d’un autre « distribué localement à des clients chinois par la co-entreprise d’Axa IM avec SPDB en Chine (dont Axa IM est actionnaire minoritaire), dont l’exposition s’élève à environ 550.000 euros ».

Selon les Nations Unies, depuis le dernier coup d’État en Birmanie, des villages entiers ont été rasés et incendiés, plus de 3 700 personnes ont été tuées et plus de 23 700 arrêtées.

La rédaction avec AFP

Que pensez-vous du sujet ?
Après des études en science politique entre Lausanne, Vancouver et Paris, Guillaume décroche son premier job de journaliste à la radio suisse LFM. Concomitamment, la crise des subprimes éclate et donne à ce fils de facteur l’envie de mieux comprendre le monde de l’économie et de la finance. Il rejoint en 2009 le magazine suisse d’asset management Banco, puis Option Finance, Le Revenu et News Asset Pro. Bien que Haut-savoyard, Guillaume ne sait pas skier.