Les CGP nomades/Episode 2 – Automne, place aux doutes

De retour sur leur terre natale pour les fêtes de fin d’année, Julia et Jean François reviennent sur ces derniers mois passés à sillonner les routes de France. À la recherche de nouveaux clients et à bord de leur maison mobile, le couple de conseillers en gestion de patrimoine nous racontent leurs succès, mais aussi leurs doutes qui les ont notamment poussés à remettre en question leur mode de vie.

Par Mathilde Castagna  

C’est tout sourire que nous retrouvons nos CGP Nomades quelques mois après notre première rencontre. Après les hauteurs enivrantes des Alpes (4.809 m) et des Pyrénées (3.404 m), Jean-François et Julia sont de retour dans la région du Ballon d’Alsace (1.247 m). La période des fêtes se passera dans la région du Rhin, connue pour son héritage romano germanique et ses marchés de Noël qui ont fait la réputation de villes comme Strasbourg et la Petite Venise.

Cette fois pas de problème de réseau. De retour dans le Grand Est, le couple de conseillers loge chez des proches dans l’attente du réveillon. C’est tout d’abord Jean-François qui apparaît à l’écran, Julia le rejoindra quelques minutes plus tard. Il faut peu de temps pour remarquer leurs mines lumineuses et rafraîchies. Ne serait-ce pas les conséquences d’un sommeil profond effectué dans un lit douillé et sur pied ? Presque. Les deux conseillers se sont lancés dans un coaching alimentaire et sportif personnalisé à la suite d’une rencontre à Toulouse. Ça tombe bien, c’est exactement là où nous les avions laissés.

toulouse

Fin octobre, le tandem de CGP se rend donc dans la ville rose avec comme but, participer à un évènement rassemblant plus de 2.500 acteurs du secteur. « C’est un peu le salon de l’agriculture du conseiller en investissement », lance Jean-François. En détail, une formation d’une semaine, agréée par le CPF, où les conseillers découvrent les nouveaux produits et les perspectives du marché pour l’année à venir. « Toutes les générations sont présentes. Des plus jeunes au plus expérimentés. Cette année, j’ai trouvé qu’il y avait plus de femmes. Ça fait du bien de voir que le métier tend à se féminiser », explique enthousiaste Jean François. Il précise plus tard qu’elles devaient représenter environ 15% des personnes présentes pour l’occasion.

« Le but de cet évènement était de voir les nouveautés, mais surtout suivre les conférences qui étaient organisées. Nous voulions nous inspirer pour les webinaires que nous organisons durant l’année, explique le jeune conseiller. Nous voulions surtout observer comment ils déconstruisaient les sujets et prendre note du vocabulaire et du ton utilisés en fonction du message qu’ils cherchent à faire passer ». Et pour cause, depuis leur maison roulante, dénomée Sergio, le couple organise des conférences en ligne pour leurs futurs clients. Allant de l’entretien découverte à des sujets plus techniques, comme le niveau de rendement de certains placements, le tandem espère fédérer.

Adeptes de la gestion de patrimoine pour tous, Julia et Jean-François considèrent que le conseil devrait être gratuit.

De ce fait, les entretiens effectués en amont de la signature d’un contrat ne sont pas facturés par le couple. Néanmoins, si le client s’engage, ils demandent une recommandation qui peut s’effectuer auprès d’un membre de la famille, d’un ami ou d’un proche. Dans ce cas, les webinaires sont là pour informer les novices, nourrir les curieux et rassurer les timides.

En tant que conseillers en gestion de patrimoine indépendants, les tourtereaux distribuent essentiellement des produits conçus par Vie Plus, filière de Suravenir spécialisée en assurance vie et retraite pour les CGP, ainsi que des produits d’Apicil, Oddo et Primonial.

Et pour cause, le couple accepte des clients à partir de 50 euros par mois en versement programmé. En étant capables de s’adapter à tous les profils et budgets, ils comptent chacun – depuis leur départ en août dernier – 9 nouveaux clients. Julia est donc passée à un total de 32 profils sous gestion et Jean-François en comptabilise désormais 46. Le ticket moyen par client de la jeune alsacienne s’élève à 12.000 euros et du côté de son mari il s’établit à plus du double, soit 25.000 euros.

le roller coster des émotions

De retour sur la route, le couple décide de prendre la direction de la plus ancienne colonie romaine en Gaule. Bordée par la mer méditerranéenne, située entre l’Abbaye de Fonfroide et le massif de la Clape, Narbonne est la prochaine étape. Manches courtes et activités extérieures en plein mois de novembre, il n’en faut pas beaucoup plus pour les deux alsaciens habitués à l’hiver de l’Est. « Porter un tee-shirt à ce moment de l’année c’est une première », s’amuse Julia. Pour autant, le couple ne se doute pas que le soleil narbonnais est sur le point de leur taper sur la tête.

Arrivés dans la commune de l’Aude, Julia et Jean François s’aperçoivent rapidement qu’un de leur opérateur rencontre des difficultés de réseau. « Nous avions prévu ce type de risque. Avant de partir, nous avons souscrit des abonnements chez deux opérateurs différents. La box chez l’un, les téléphones chez l’autre. Mais cette option nous permettait seulement de nous en sortir pour un court moment puisque nous avons dans tous les cas besoin des deux pour travailler », explique Julia. Le couple se lance donc à la recherche d’une place, d’un parking, d’une ruelle qui pourrait capter le signal tant recherché. En vain.

En parallèle, l’activité s’accélère en cette fin d’année et les deux jeunes mariés se rendent compte que les panneaux solaires installés sur le toit ne suffisent plus pour l’énergie pompée par les équipements. Téléphones, ordinateurs et batteries externes consomment et plus que ce que le soleil narbonnais peut offrir. « Nous nous sommes retrouvés le matin à charger nos équipements au supermarché. Avec notre problème de réseau, on a fini par travailler dans des cafés, des halls d’hôtel pour être certains de ne pas être coupés », explique Julia. « Pendant cette période, je tentais d’espacer mes rendez-vous pour avoir le temps de recharger entre deux. J’écourtais également certains entretiens qui duraient trop longtemps », ajoute Jean-François.

L’enthousiasme a donc laissé place au doute. « Un soir, Jean François a émis l’idée de tout plaquer et rentrer, reconnaît Julia. Je ne voulais pas lâcher mais j’ai compris sa frustration. Moi-même je me suis posée des questions. Je me suis dit qu’on n’avait pas fait cette démarche pour vivre de cette manière ». Elle ajoute : « Lorsque tu es conseiller en patrimoine et que tu te retrouves à 8 heures du matin au supermarché du coin pour recharger ton ordinateur, et que tu vois les travailleurs en costume-cravate commander leur café avant de se rendre au bureau, tu te poses des questions ».

Après quelques mois sur les routes, chacune des escales ne consiste plus uniquement à démarcher et rencontrer de nouveaux potentiels clients. Il est temps de concrétiser. Une halte est désormais une occasion pour les jeunes conseillers de reprendre contact avec les personnes rencontrées précédemment. Néanmoins, affaibli par la situation, le couple décide de reprendre la route.

la pause s’impose

Arrivé à Montpellier, le tandem prend du temps pour soi. Julia participe à des cours de théâtre, de self-défense. Elle prend goût à se rendre au marché du Lez et à déambuler entre les camions ambulants regroupés le long du fleuve. Le brouillard semble s’évader, les esprits s’apaisent et le duo prolonge son séjour.

D’un commun accord, les CGP Nomades rebroussent chemin. Avec une halte en moins au programme, ils prennent le temps de déjeuner à Lyon mais également à Valence avec des clients et des amis rencontrés à l’aller. Ils décident même de récupérer un compagnon de route, un petit chaton de quelques mois, pour le déposer dans sa nouvelle famille située à Colmar.

De retour dans le Grand Est, le tandem de conseillers en gestion de patrimoine a pour objectif d’écumer la région Lorraine. Au programme, sillonner les routes de Metz à Thionville en passant par Forbach, Yutz, Amnéville et Creutzwald. Les alsaciens ne comptent pas perdre une miette de leur propre territoire.

Que pensez-vous du sujet ?