François-Xavier Gennetais : « 70% des nouveaux encours d’ABN Amro IS proviennent d’investisseurs externes »

François-Xavier Gennetais
François-Xavier Gennetais mise notamment sur l'expertise d'ABN Amro Investment Solutions dans le subadvisory pour collecter davantage en France.

Interview – François-Xavier Gennetais dévoile sa stratégie pour faire croître les encours d’ABN Amro Investment Solutions, notamment en France. Le président du directoire est aussi revenu sur la collecte de la société de gestion et sa sortie du giron de Neuflize OBC.

ABN Amro Investment Solutions a connu plusieurs années compliquées. Cession de 8 milliards d’euros d’actifs à Candriam en 2018, décollecte auprès des clients français (-234 millions d’euros en 2019, -260 millions en 2020)… Comment comptez-vous renouer avec la croissance ?

Nous l’avons déjà fait l’an dernier. Nous avons enregistré une collecte nette de 60 millions d’euros auprès de nos clients français. Cela a permis à nos encours gérés pour le compte de cette clientèle de repartir à la hausse. Après être passés de 2,46 milliards à 2,21 milliards entre 2019 et 2020 pour la France, ils sont ainsi remontés à 2,56 milliards à fin 2021. Cette dynamique s’observe aussi à l’échelle du groupe. ABN Amro Investment Solutions a globalement collecté 3,2 milliards d’euros l’an dernier, dont environ 800 millions en externe. Nous avons par ailleurs bénéficié d’un effet de marché positif de 2,4 milliards d’euros. Cela a permis à nos encours sous gestion totaux de repasser au-dessus de 21 milliards d’euros.

Le contexte de marché est devenu moins favorable en ce début d’année. Inflation, guerre en Ukraine, resserrement monétaire… Cela n’a-t-il pas déjà cassé cette dynamique retrouvée ?

Pas vraiment. Nos clients ont majoritairement maintenu leur allocation chez ABN Amro Investment Solutions, voire l’ont renforcé pour certains d’entre eux. J’en veux pour preuve que nous avons collecté entre 600 et 800 millions d’euros depuis début janvier, dont les deux tiers auprès d’investisseurs externes. L’épisode actuel me rappelle un peu le premier semestre 2020. Nous avions connu – comme tant d’autres – une décollecte importante en mars mais elle avait été suivie d’un fort rattrapage, reflétant la volonté de nos clients de saisir des opportunités de marché. Cela nous avait permis de retrouver un niveau de collecte positif dès octobre 2020.

Comment comptez-vous vous démarquer dans l’environnement très concurrentiel de la gestion d’actifs en France ?

Nous sommes l’un des spécialistes historiques de la multigestion en France et nous allons continuer de promouvoir ce modèle de délégation. Nous travaillons déjà avec 30 à 40 gérants externes qui couvrent un large spectre de classes d’actifs. Et nous distribuons en exclusivité une dizaine de leurs stratégies. Celles-ci rencontrant un succès particulier auprès des investisseurs, nous comptons poursuivre le développement de ce modèle.

Certes, mais vous faites désormais face à de nouveaux concurrents de poids comme Amundi ou BNP Paribas Asset Management sur le marché de la délégation de gestion (subadvisory)…

Notre expérience de plus de 20 ans dans ce domaine nous rend confiants dans notre capacité à nous démarquer. Nous ciblons particulièrement les investisseurs institutionnels dont le volume d’encours correspond bien à notre offre en architecture ouverte. Nous sommes aussi partisans d’une gestion active et majoritairement long only, même si nous avons par ailleurs une activité plus restreinte en gestion alternative. De surcroît, nous continuons à mettre l’accent sur l’investissement ESG, inscrit au cœur de notre modèle depuis notre création. En fin d’année dernière, 50% des fonds de notre plateforme étaient qualifiés Article 8 ou Article 9 au sens du SFDR. Notre ambition est de rapprocher ce ratio de 100%, idéalement d’ici fin décembre.

Quels sont vos autres axes de développement stratégiques et vos objectifs prioritaires cette année ?

Nous voulons continuer de faire croître nos actifs sous gestion et réaliser une collecte supérieure à celle de l’an dernier. Mais aussi diversifier notre clientèle. Environ 80% de notre collecte provenait d’ABN Amro l’an dernier et nous ambitionnons de la réduire aux alentours de 50%. La dynamique de ce début d’année nous rend confiants dans notre capacité à atteindre cet objectif, puisqu’environ 70% de nos nouveaux encours provenaient d’investisseurs externes. Pour y parvenir, nous souhaitons notamment nous développer auprès des banques privées qui couvrent aussi la banque de détail, des assureurs pour les supports en unités de compte, mais aussi des groupements de conseillers en gestion de patrimoine (CGP).

ABN Amro Bank N.V. a annoncé en 2020 son intention de supprimer près de 3 000 postes d’ici 2024. Quel sera l’impact de ce plan sur les effectifs d’ABN Amro Investment Solutions ?

Nous ne sommes pas concernés. Nous sommes aujourd’hui environ 85, majoritairement basés à Paris. A l’exception de quelques collaborateurs aux Pays-Bas et en Allemagne. Et nous sommes en réalité dans une démarche de recrutement. Mon objectif est d’embaucher une dizaine de personnes d’ici la fin de l’année, dont plusieurs profils commerciaux. Cela s’inscrit dans notre volonté de renforcer notre présence en Europe. A ce titre, nous pourrions par ailleurs signer de nouveaux partenariats et n’excluons pas d’éventuelles acquisitions ciblées.

Il y a tout de même eu récemment une réorganisation qui concerne bien ABN AMRO Investment Solutions : vous n’êtes plus une filiale de Neuflize OBC !

En effet, ABN AMRO Investment Solutions était historiquement détenue à 99,9% par Neuflize OBC… qui est elle-même détenue à 99,9% par notre maison-mère ABN Amro Bank N.V. Nous sommes désormais directement rattachés à cette dernière. Cette organisation-là nous semblait plus lisible et cohérente. Environ 65% de nos capitaux étant aux Pays-Bas, il est plus pertinent que l’ancrage de l’activité de gestion d’actifs soit au niveau du groupe plutôt qu’au niveau d’une filiale française.

Propos recueillis par Guillaume Clément.

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Après des études en science politique entre Lausanne, Vancouver et Paris, Guillaume décroche son premier job de journaliste à la radio suisse LFM. Concomitamment, la crise des subprimes éclate et donne à ce fils de facteur l’envie de mieux comprendre le monde de l’économie et de la finance. Il rejoint en 2009 le magazine suisse d’asset management Banco, puis Option Finance, Le Revenu et News Asset Pro. Bien que Haut-savoyard, Guillaume ne sait pas skier.