Épargne – 5 milliards de plus pour la finance solidaire

Finance solidaire, mains l'une sur l'autre.
« Moi j’ai financé un petit producteur local de bracelets éthiques, et vous ? » « Ah mais moi aussi ! » « Ca alors, moi aussi ! » « Moi aussi ! »

Infographies – L’encours de l’épargne solidaire a crû de 26% en 2021, à 24,1 milliards d’euros, selon le dernier baromètre FAIR / La Croix. L’épargne salariale reste un moteur, alors que l’assurance vie accélère.

Toujours plus haut ! L’encours global de l’épargne solidaire a atteint le montant record de 24,1 milliards d’euros l’an dernier, selon le 20e baromètre FAIR / La Croix consacré à ce sujet. Sur un an, il affiche une hausse de 26%. Depuis la première édition de cette étude, sa progression est de… 4 704% ! L’épargne solidaire était en effet embryonnaire en 2002, avec quelque 510 millions d’euros d’encours.

De 0,02% à 0,42%

Certes, l’épargne solidaire reste un poids plume comparé au patrimoine financier global des Français. Elle en représentait en effet à peine 0,42% en 2021. Mais c’est tout de même un ratio nettement supérieur à celui de 2002 : 0,02%. L’objectif à moyen terme de FAIR (ex-Finansol) est de le faire passer à au moins 1%.

Plusieurs facteurs expliquent la hausse continue de la finance solidaire ces dernières années. « Elle a bénéficié des marchés haussiers et de mesures positives de la loi Pacte, comme l’abaissement du forfait social pour les TPE et PME ou encore l’obligation pour les assureurs de proposer au moins une unité de compte solidaire dans les contrats d’assurance vie », indique Frédéric Tiberghien, président de FAIR dans l’étude.

L’explosion du nombre de produits d’épargne solidaire disponibles a aussi contribué à attirer les foules. L’an dernier, le baromètre répertoriait 178 offres de ce type, contre seulement 25 en 2002. Le nombre de nouveaux souscripteurs n’a également jamais été aussi élevé que l’an dernier : 1,2 million de personnes, soit environ six fois la population concernée en 2016.

En termes de répartition des encours, la majeure partie des deniers « solidaires » restent logés dans des produits d’épargne salariale. En hausse de 21% sur un an, ceux-ci pesaient 14,1 milliards d’euros en 2021. L’épargne bancaire et assurantielle solidaire a pour sa part vu ses encours croître de 38%, pour atteindre 9,5 milliards d’euros. Quant à l’épargne directement collectée par des entreprises solidaires, elle frôle le milliard d’euros. Elle a en effet atteint environ 900 millions, marquant une progression de 15% sur douze mois.

Collecter comme jamais

Mais la finance solidaire n’a pas uniquement gonflé grâce à la hausse des marchés. 2021 a en effet aussi été une excellente année en termes de collecte. Les Français ont ainsi placé pas moins de 5,1 milliards d’euros supplémentaires dans des produits solidaires, soit 100 millions de plus qu’en 2020.

L’épargne bancaire et assurantielle a enregistré à elle seule 2,4 milliards d’euros de flux positifs. Les livrets et comptes à termes solidaires y sont pour beaucoup. Mais l’année a aussi été « exceptionnelle pour les fonds communs de placement solidaires, avec une croissance d’un milliard d’euros d’encours », précise le baromètre. Ces derniers ont notamment bénéficié de « l’apparition de nouveaux produits et d’une progression des produits déjà labellisés, tirés par le marché haussier ».

La palme du canal de diffusion le plus dynamique revient toutefois à l’assurance vie, boostée par la loi Pacte et les unités de compte (UC). Alors que leur collecte a explosé l’an dernier, les UC ont en effet vu l’arrivée de plusieurs déclinaisons solidaires l’an dernier. Parmi elles, FAIR met par exemple en avant l’obtention du label Finansol par deux nouvelles unités de compte : Novaxia R (190 millions d’encours) et Sycomore Inclusive Jobs (105 millions d’euros), dont la société de gestion a par ailleurs tiré les leçons de « l’affaire Orpéa. »

Compte tenu de sa place prédominante, l’épargne salariale solidaire a elle aussi continué d’attirer de l’argent frais. La collecte nette de ces dispositifs-là a atteint 2,4 milliards d’euros. Le nombre d’entreprises équipées d’un dispositif d’épargne salariale ou retraite a pour sa part progressé de 6%. De leur côté, les entreprises et financeurs solidaires ont attiré 906 millions d’euros. En particulier pour financer des projets liés à l’accès au logement (27% des flux) et à la lutte contre l’exclusion (15%).

500 000 euros par projet

En matière d’investissement, les gestionnaires de l’épargne solidaire ont alloué près de 700 millions d’euros – 699 millions pour être précis – à plus de 1 350 projets à impact social ou environnemental. Soit en moyenne un demi-million d’euros par projet et un nouveau record. Parmi ces placements, plus de la moitié (52%) étaient focalisés sur des enjeux sociaux, 17% sur l’environnement et 13% sur « l’économie de proximité et la cohésion des territoires. »

Que pensez-vous du sujet ?
Après des études en science politique entre Lausanne, Vancouver et Paris, Guillaume décroche son premier job de journaliste à la radio suisse LFM. Concomitamment, la crise des subprimes éclate et donne à ce fils de facteur l’envie de mieux comprendre le monde de l’économie et de la finance. Il rejoint en 2009 le magazine suisse d’asset management Banco, puis Option Finance, Le Revenu et News Asset Pro. Bien que Haut-savoyard, Guillaume ne sait pas skier.