Livret A – Comment a évolué le taux depuis 1818 ?

Taux du Livret A depuis 1818
Allez je me replonge dans mes vieux grimoires pour voir si j'ai bien fait les bons placements.

Infographies – Le taux du Livret A passera de 1% à 2% le 1er août. Il reste loin des 8,25% touchés en 1981. Et du niveau de l’inflation. Mais ça, ce n’est pas une première…

Bruno Le Maire l’a confirmé : le taux du Livret A passera de 1% à 2% le 1er août prochain. Un tel relèvement n’avait pas été observé depuis 1981 ! Et ce n’est pas fini : « Selon toute probabilité (…), le mouvement de hausse du taux du Livret A se poursuivra au 1er février de l’année prochaine », a indiqué François Villeroy de Galhau ce mardi 19 juillet lors d’une conférence de presse.

Le gouverneur de la Banque de France a des raisons de croire à la poursuite de la remontée du rendement (nominal) du livret d’épargne préféré des Français. Enfin, surtout une bonne raison : l’inflation. Car même si de nombreux observateurs professent que la hausse des prix à la consommation a atteint un pic en juin, étant ressortie à 6,5% (chiffres harmonisés), il y a peu de chance qu’elle retrouve son rythme pré-pandémie de sitôt.

De Napoléon à Macron

Créé en 1818 par l’industriel et banquier Benjamin Delessert au sortir des guerres Napoléoniennes, le Livret A est censé empêcher autant que possible l’érosion de l’épargne des citoyens face à la hausse du coût de la vie. Initialement fixé à 5%, son taux d’intérêt a fortement varié au cours de son histoire bicentenaire. Comme le montrent les données compilées par Le Cercle de l’Epargne. Après avoir plongé jusqu’à 1,5% au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, il a connu une hausse quasi-ininterrompue durant les trois décennies suivantes. Il a en particulier marqué une forte accélération durant les années 1970, dont le spectre du combo inflation/faible croissance est à l’esprit de nombreux gestionnaires d’actifs aujourd’hui.

Le taux du Livret A touchera un sommet historique le 16 octobre 1981, à 8,5%. Perchoir dont il ne commencera à redescendre qu’à partir du 1er août 1983, pour entamer le nouveau millénaire à 3%. Il oscille durant les deux décennies suivantes entre 4% et 0,75%, tiré vers le bas ces dernières années par les politiques monétaires « non conventionnelles » des banques centrales. Jusqu’à toucher un plancher absolu le 1er février 2020, à 0,5% à la veille de la crise du covid-19.

Le match Livret A contre inflation

Mais le Livret A est-il vraiment parvenu à protéger l’épargne des ménages face à l’inflation au fil du temps ? Au regard des données harmonisées de la Banque Mondiale, la réponse est… tout sauf évidente. Du moins sur la période couverte par l’institution internationale, soit à partir de 1960.

Durant les 25 premières années étudiées, force est de constater que le taux d’inflation annuel a presque toujours dépassé celui du Livret A. Et pas qu’un peu entre le milieu des années 1970 et le milieu des années 1980 ! En 1974, le taux d’inflation harmonisé moyen en France atteignait en effet 13,65%, alors que le Livret A n’offrait que 6% de rendement nominal. Soit un rendement réel de -7,65%. Même la décision du gouvernement de François Mitterrand de porter le taux du produit d’épargne à 8,5% en 1981 faisait pâle figure face à une inflation de 13,31% cette année-là.

Mais un point de bascule a été atteint en 1985 : l’inflation est alors retombée à 5,83%, tombant tout juste sous le taux du Livret A de l’époque (6%). Depuis, ce dernier n’a plus connu une seule année où il était inférieur au taux moyen d’inflation jusqu’en 2017. Soit 31 ans durant lesquels le Livret A a rempli son rôle de bouclier, du moins au regard de ces indicateurs agrégés.

Christine Lagarde entre en jeu

Reste à savoir si le Livret A parviendra à conserver son léger avantage dans le match qui l’oppose à l’inflation à l’échelle des cinq dernières décennies. Une chose est sûre : le premier relèvement des taux directeurs de la BCE attendu ce jeudi 21 juillet accrédite la thèse de François Villeroy de Gallaud selon laquelle la remontée du rendement (nominal) du Livret A va se poursuivre. Puisque le calcul de ce dernier tient à la fois compte de l’inflation et des taux interbancaires.

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Après des études en science politique entre Lausanne, Vancouver et Paris, Guillaume décroche son premier job de journaliste à la radio suisse LFM. Concomitamment, la crise des subprimes éclate et donne à ce fils de facteur l’envie de mieux comprendre le monde de l’économie et de la finance. Il rejoint en 2009 le magazine suisse d’asset management Banco, puis Option Finance, Le Revenu et News Asset Pro. Bien que Haut-savoyard, Guillaume ne sait pas skier.